Nicole Tessier's blog
Tout près de la fin
Dernier dîner à Yako: Fatima (Uniterra), Nicole et Jean Lorsque j'ai ouvert la fenêtre de cuisine jeudi matin dernier- nous sommes samedi aujourd'hui mais je n'ai guère eu le temps d'écrire- ce matin-là donc, j'entendais les cris des enfants qui jouaient dehors, quoiqu'il était très tôt. Habituellement, le matin prend du temps à démarrer parce qu'en soirée, ça bouge. Il pourrait tout aussi bien y avoir eu une fête en plein coeur de la semaine qui les tiendrait debout presque toute la nuit. C'est particulièrement le cas ces jours-ci, les élections du pays ayant lieu ce dimanche. La campagne électorale, ça se fête.
J'ai vu de ma fenêtre, toujours, les petites poules qui picoraient les grains et le gardien de la maison qui sommeillait encore. C'était mon dernier matin à Yako, en après-midi je retournerais à Ouagadougou pour remplir tous les formulaires administratifs de fin de mandat.
Ce jeudi matin donc, je devais présenter mon dernier rapport, celui par lequel je faisait était de ce qui avait été accompli et de justifier les écarts s'il y avait lieu. Il n'y en pas eu. Tout au cours de mon mandat à la SEMUS, je n'ai pas eu l'impression d'avoir tant accompli mais évidemment mon champ de référence est canadien. Ici, vraiment, c'est tout autre chose. L'évaluation du fin mandat m'a fait voir à quel point j'ai pu être utile à la cellule de communication, voire redynamiser et réanimer l'intérêt pour la rédaction de leur bulletin, entre autres. Lors de la présentation tous écoutaient attentivement mes recommandations, même le Président qui m'a remercié plus d'une fois.
L'émotion était palpable dans la petite salle de rencontre où j'ai travaillé tous les jours. Et comme je terminais ma présentation, j'ai soudainement été incapable de parler, trop émue, et triste aussi, de les laisser derrière moi. Mon général a dit alors qu'il était tout à fait normal de ressentir si vive émotion car le mandat avant tout, c'est surtout une histoire de relations humaines.
Ça ira pour Jeano. Il se tiendra informé, en lisant, en lisant beaucoup. Il est jeune, il apprend vite et veut réussir dans la vie. Un jeune homme comme lui au Canada se distinguerait parmi les autres, ici aussi, sauf qu'il y peu d'occasions de carrières pour le moment. Je l'ai beaucoup encouragé en passant plusieurs heures à travailler ses textes. Il en était très heureux, de cette attention et, ma foi, d'avoir découvert un intérêt pour la rédaction, un gage de réussite pour moi. J'ai essayé, jusqu'à la dernière minute, de passer des méthodes, des outils pour faciliter leur travail, mais tristement il y tant, trop à faire.
Pour Marihane, je ne sais pas comment la vie pourra lui rendre la grâce de l'épargner de la maladie et de lui accorder un peu de répi de la vie dure qu'elle mène. Elle m'a dit de ne pas pleurer. Abdoul, son petit, lui, pleurait.
J'ai donc laissé derrière moi mon petit village africain - je me rends compte aujourd'hui en étant dans la grande ville de Ouagadougou - qui ne survit que de peine et de misère.
Le personnel du bureau de Uniterra, et un jeune Canadien, m'ont dit qu'il me trouvait bien courageuse d'avoir entrepris ce mandat.« Courage » je leur ai dit, « Ce n'est pas moi qui le possède, je retourne au Canada dans une vie moelleuse. Ce sont eux qui sont courageux, de peiner chaque jour, pour pouvoir manger, Seulement manger ».
La maison de Marihane
Deuxième partie
Il fallait bien que la maison de Marihane se trouve à l'extrémité du petit hameau, séparé par la grande route, tout en faisant partie de Yako. Le long du chemin, les bovins, « pour la viande », me dit Marihane, » « Mais ils n'ont que la peau et les os » je lui répond, se déplacaient à la lenteur africaine de la mare d'eau où ils s'abreuvaient. Le maître les avaient attachés de sorte qu'ils ne puissent fuir et être volés. Quelques personnes s'étaient attroupées sous les abris du soleil et conversaient tout en riant. « Nous rions pour oublier » me dit Marihane. Jeano, au bureau, abonde dans le même sens, il ne faut pas se fier aux apparences. Malgré l'allégresse, les gens cachent leur désespoir et tentent de le fuir en faisant la fête. Ou en se saoûlant avec la boisson de mil qu'ils fabriquent de façon artisanale. « Lorsque je reviens de la fête, je me couche et le mal revient dans ma tête » qu'elle me dit.
Sur notre passage, les gens saluent Marihane et demandent à me serrer la main. Un tout petit de deux ans (probablement trois ou quatre - les « malnutrits » sont beaucoup plus petits que les standards canadiens - pleure en me voyant. Je sais que je suis dans le bas-fond de Yako (un parmi tant d'autres, j'imagine). Certains sont déjà saoûls, d'autres semblent crever sous le soleil. Je pressens soudainement l'urgence de partir. Je dis à Marihane que je dois retourner au bureau, la marche est longue, et j'ai soif.
« Allons voir ta maman » lui dis-je.
Elle est là, toute seule sous l'abri. Il n'y a plus qu'une absence dans ses yeux lorsqu'elle me regarde. Avec effort, elle me tend la main. Le désordre, les casseroles traînant partout, mêlées avec les ordures, la pile de bois en plein coeur de la cour, et là, la maison. Deux pièces encombrées de tout ce que l'on peut imaginer. les sacs de grains occupent une pièce, n'y laissant qu'un petit espace pour que la mère de Marihane puisse y dormir. Dans l'autre pièce, les vêtements et tous les autres articles sont entassés en de grosses piles. L'espace pour dormir est plus grand et suffisant, qu'elle me dit, pour elle et Abdou.
Elle rit encore en me voyant figée au seuil de la pièce, tout simplement amortie devant l'état de la maison. De sa vie.
« Partons », lui dis-je, incapable d'en voir plus. Ma curiosité m'a mené trop loin. « Restons un peu, pour la vieille » qu'elle m'implore.
J'ai pris quelques photos. Nous n'avons pas parlé, la vieille et moi. Elle continuait de regarder vers un horizon qui n'a jamais existé dans sa vie.
De retour à la maison, notre conversation se faisait sous-entendre dans notre silence mort.
Marihane
Marihane et la « Vieille »Pendant la saison des pluies, ses orteilles recroquevillés dans la boue, Marihane peine à se rendre aux maison dela SEMUS dont elle a la charge de nettoyer pour les Blancs en visite. Trois kilomètres ou plus la séparent de sa maison, de sa toute petite maison qui fait à peine 250 pieds carrés, à son lieu de travail. Elle a le poids de soutenir sa maman et son dernier fils de 12 ans, les autres ayant fuit la vie misérable pour un avenir incertain à la ville. Les fils ont étudié et se sont marié. La fille travaille tout en cherchant mari. Lorsque son mari est décédé, Marihane s'est retrouvée seule avec son lot d'enfants à nourrir. Abdoul, le dernier, a fait son arrivée plus tard, conçu par l'amant de Marihan.« C'est un soulard qui veut se faire vivre. Lorsqu'il avait trop bu, il déconnait ;il me battait. Je l'ai viré ».
Rien qu'une petite remontrance du corps policier avise le soulard de ne pas battre la femme.
Marihan « grouille », expression qu'elle utilise pour le travail. Elle marche, marche des dizaines de kilomètres par jour pour subbvenir aux besoins du petit dernier et de sa maman, qu'elle dénomme « la vieille ». La première fois qu'elle l'a nommée ainsi, je l'ai regardée, perplexe, la vieille étant une désignation sipéjorative. Elle rit de tout son coeur lorsque je lui fait part de cela.
« Qu'est-ce que vous dites, vous »?
« Une personne âgée, une vieille dame ».
Elle continue de rire. Ici, au bureau on s'adresse à moi en utilisant mon prénom, ailleurs, c'est Mami, tout de même pas mal mieux que la vieille! ( Hélas! Une mamie, c'est une grand-maman). Marihan prépare le déjeuner et le souper et cela depuis mon arrivée. Je l'invite toujours à s'asseoir à la table et de manger avec moi ce qui me permet de converser avec elle. Sa vie colle à la pauvreté. Sans une lueur d'espoir d'y en sortir.
Elle trouve que je ne mange pas assez. Depuis mon arrivée je n'arrive pas à avoir vraiment faim. La chaleur peut en soi freiner les papilles gustatives mais à vrai dire, je n'en ai pas le coeur. Le menu est assez limité. Beaucoup de grains, peu de légumes (pas de légumes crûs), quelques fruits, aucune viande, ni produits laitiers. C'est comme ça à Yako. Pour mieux manger entre autres, les jeunes Canadiens, qui font un projet de recherche à la SEMUS, déguerpissent à Ouagadougou les fins de semaines.
Au déjeuner je lui ai demandé si je pouvais voir où elle habitait. C'est avec joie qu'elle a accepté. Nous y sommes allées dès le repas terminé. À la chaleur du midi. Plus nous avancions vers son quartier, plus nous nous rapprochions de la campagne. Les charettes tirées par des ânes transportaient le mil que les hommes entreposeraient sur les toitures de maisons.
« On y arrive, madame Nicole ».
Elle doit me l'avoir dit au moins cinq fois, Le soleil du début d'après midi commençait à m'affaiblir. J'avais laissé ma bouteille d'eau à la maison pour avoir les mains libres de prendre des photos.
suite... prochain blog
Le boulot
Je n'ai jusqu'à maintenant pas fait état de ma situation au travail, trop de choses à dire sur la vie africaine. J'oeuvre au sein d'un organisme qui m'apparaît comme un organe vital, non seulement pour le village de Yako, mais aussi pour toute la région du Passore et du pays. La SEMUS c'est tout! Elle gère de multiples projets relevant de la santé et du développement économique. J'ai pris connaissance de quelques projets que la SEMUS pilote, entre autres, un centre de dépistage du VIH/sida, de la prise en charge des femmes en milieu rural par le biais d'activités de revenus, de l'alimentation des enfants mal nourris (malnutrits). Il semble que le village gravite autour d'elle et de ses mosqués. Il y en a 3 à Yako.
Je travaille donc à la SEMUS à titre de conseillère journalistique pour la cellule de communication, comme ils aiment bien le dire. Le démarrage au travail n'a pris son envol que deux jours après mon arrivée ici. J'ai eu droit avant tout à des visites en accompagnant le Président. Les quatre membres de l'équipe que je dois former sont avides d'apprendre; ils sont insatiables. Mais attention, ils n'ont que quelques heures par jour,de surcroît à l'heure africaine que je n'ai pas encore entièrement assimilée - le pourrais-je même ? J'ai saisi tout de même que c'est le maintenant qui compte et même si l'on prétend vouloir arriver à l'heure, sans faute, ce n'est à vrai dire qu'une formule de politesse à mon égard.
Deux femmes, Mme Oueadrogo, Mme Sankara, et deux hommes, M. Moktar (le Général en plaisanterie) et Jeano, le plus jeune, forment l'équipe. Le rôle d'agent de communication reviendra à Jeano quoique pour le moment, c'est le Général qui détient le poste de rédacteur en chef du bulletin de la SEMUS. Ce sont les documents de ce bulletin que nous travaillons. D'ailleurs, c'est l'un des textes du Général dont je me suis servi pour y apporter un très grands nombres de corrections, ne sachant pas évidemment qu'il en était l'auteur. Il a étonnament bien réagi. Bien entendu j'en étais gênée, ce qui l'a fait rire.
Le programme a été établi lors de nos premières rencontres mais au fur et à mesure que nous avançons, nous l'ajustons selon le besoin présent.Rebondissements et créativité sont mes habiletés les plus testées.
Le Général m'a dit hier matin, qu'il était très, très satisfait de ma méthode de travail et qu'il apprenait beaucoup. « Vous reviendrez, n'est-ce pas » ? Il continue, « Je parlerai au Président s'il le faut ». « Mon général, après mon séjour ici, vous aurez acquis les bases nécessaires pour produire haut la main votre bulletin et les communiqués de presse, il s'agira de vous exercer ». Et pour Jeano, il faudra lire, lire car pour écrire il faut lire! Comme ils n'ont pas les moyens de s'acheter des livres, je me propose bien de leur en envoyer à mon retour. De la lecture pour intéresser Jeano surtout.
J'ai remis au général un guide de nos programmes, en lui soulignant la page Internationale et le programme de NDSA. « C'est ce que nous avons besoin » me dit-il en le lisant attentivement.
« Je le sais».
Les femmes parlent
Les nuits, ma petite maison est enveloppée du vacarme des gens qui sont éveillés tard dans la noirceur africaine. L'annonce du jour se fait tôt aux prières musulmanes qui imprègnent la ville toute entière de son chant sitôt que 4 h. Les coqs les ont devancées d'une bonne heure et les ânes se font très bien entre dans la chorale matinale. Je n'ai pas bien dormi hier, j'ai donc une journée qui se passe en lenteur. Tiens, tiens, je m'adapte.
J'ai constaté aujourd'hui qu'il est quelque peu paradoxal de voir les femmes musulmanes entièrement annihilées sous leurs tissus absolument noirs, alors que c'est la féminité et la joie de vives couleurs qui émanent des autres. Malgré leurs piètres ressources, les femmes se vêtissent pour être belles. Et elles le sont.
Elles doivent trouver mari. La femme sans mari n'est pas bien vue. Touré, une jeune femme de Ouagadougou, m'a dévoilé qu'elle n'était pas mariée encore au grand dam de ses parents.Elle craint vivre sous la domination d'un homme qui la trompera. « Mais pourquoi te tromperait-il ?» je lui demande.« Parce qu'ils le font tous, ou presque tous » me répond-elle. Elle ajoute « Mes amis me disent que les autres femmes ne comptent pas, ce n'est pas l'amour ». J'ai tenté de la réconforter en lui disant qu'elle trouverait sûrement un mari; ce n'est qu'une question de temps. J'ai jugé bon de changer le cours de la conversation, ne voulant m'ingérer dans ce débat de société : dilemme des femmes d'aujourd'hui au Burkina, qui murmurent leur mécontement dans leur société souscrite à la polygamie.
Elles le disent toutes, leur vie est dure. J'en ai été témoin. C'est elles qui défrichent, portent les ballots de bois sur leur tête, bêchent le sol aussi dur que la vie qu'elles mènent, nourrit au sein leurs bébés, cuisinent pour la famille, transportent les légumes au village tôt le matin,marchent des dizaines de kilomètres pour s'y rendre. J'en passe.
Dès mon arrivée à Yako, un des directeurs de la SEMUS, m'a dit d'emblée - et je ne sais vraiment pas pourquoi il a abordé cette question à ce moment précis - que la femme de l'homme africain est une déesse, elle est le centre de sa vie toute entière, il lui donnerait sa propre vie jusqu'au bout pour elle. À en mourir. « Mais,il y a un prix à payer » ajoute-t-il. L'homme ne peut pas dire oui à tout. J'apprend du coup que les hommes ne prennent pas de décisions au conseil du village. Ils consultent leur femme dans la nuit, avant de prononcer leur décision le lendemain.
Clémentine, oh chère Clémentine, lui a répondu que la femme ne devrait pas souffrir ainsi et que l'égo des femmes n'avait pas besoin d'être glorifié ainsi! C'est d'elle que j'ai reçu mes premiers courriels d'Afrique. Elle est la responsable du secteur santé pour l'Entaide universitaire mondiale du Canada au Burkina (EUMC). L'EUMC travaille en étroite collaboration avec le SEMUS.
Du coup, je l'ai aimée. Tout en revendiquant des changements importants pour le bien-être des femmes au Burkina, Clémentine y ouvre très habituellement le passage auprès des hommes.Ce qui n'est pas chose facile, le changement menaçant, comme partout dans le monde, la tradition. Quant à moi, je me tais. Assurément.
Journée internationale de l'enfant
Pour la journée internationale de l'enfant, un petit clin d'oeil sur la vie de ceux et celles qui n'ont pas la joie de manger tous les jours.
Mon village africain
J'y suis maintenant depuis quelques jours et j'ai peine à croire que je vis dans un milieu qui ne pourrait être plus aride, plus démuni, plus ensoleillée qu'ici à Yako. Dans les rues, la pauvreté est saisissante. Par contraste les gens parlent, rient, chantent, me serrent la main en me souhaitant la bienvenue au Burkina. Les enfants courent pour me tendre la main et se faire prendre en photo. Ils semblent indifférents au désordre qui les enveloppe et des déchets envahissants, en quelque sorte détachés de la vie misérable qui est là est en permanence.
Les chèvres, les cochons et les poules se mêlent aux piétons en se nourrissant d'ordures et d'herbes sèches qui parent les rues de sable rouge. Je porte des « plastiques », sandales lavables qui ne protègent pas mes pieds de la craie rouge. Le rouge s'imprègne sur tout. Les murs, la peau moite, les cheveux, les moustiquaires, il faut protéger le portable de la poussière envahissante.
J'ai appris ce matin (samedi matin, je n'ai pas eu accès à internet depuis la semaine passée) de Maria, la dame qui prépare mon souper et voit au ménage de la maison que j'occupe, qu'il fallait suivre code de marche sur la route- ce que je n'ai pas observé depuis mon arrivée. Aucun panneau indicateur, ni de noms de rues pour faciliter l'orientation d'un non-résident. Tout se fait à l'Oral, on dit : Allez au bout de cette rue et tournez où se trouvait l'ancien boucher, et ensuite vous verrez la boutique ( plutôt un stand bric-à-brac) du couturier, ce n'est pas là. Il faut continuer plus loin et là, vous y arriverez ».
Maria m'a accompagné au marché ce matin pour faire le choix de haricots, couscous et légumes. Pas de viande pour moi! C'est lorsque j'ai vu les poulets suspendus au grand soleil depuis tôt le matin que j'ai décliné la proposition de Maria de cuire un poulet pour le souper. Le boeuf « de bonne qualité » qu'elle m'avait servi avant-hier, que j'avais dû mastiquer à m'en casser les mâchoires, avec plus de gras et d'os concassés que de viande dans le ragoût, m'a incité à choisir d'ores et déjà des mets végétariens. Maria est très bonne cuisinière et réussit de bon repas malgré le peu de choix de produits. Elle et toutes les femmes d'ici ne s'approprient pas de nouvelles façons d'apprêter leurs produits. C'est leur cuisine traditionnelle.
Clémentine, la responsable de EUMC- volet santé m'a déjà indiqué le grand besoin de formation en transformation des aliments pour contrer la pauvreté. (Oui, Axel, j'ai parlé de nous)!
Je suis donc, en principe, en mode de changement alimentaire : sans café, sans viande, sans vin!
Impossible d'avoir accès à Image assist, pour quelques raisons, mais j'envoie ce message sans photo par crainte que l'Internet ne tombe. Si l'on pense qu'à Alfred la connexion n'est pas stable et bien, ici, à Yako, nous nous asseyons devant l'ordi et nous attendons la connexion et lorsqu'elle arrive, tout le monde s'y met. Ça peut durer une heure ou moins ou plus...
Premiers jours, premières découvertes
C'est réellement la journée pour mettre à l'épreuve mon ouverture, ma patience et ma capacité de rebondir.
Miss Internet ici se plait beaucoup à ne pas se présenter aux rendez-vous. Et ce matin, outre, l'eau de la toilette qui a débordé de son sceau, l'électricité qui manque par à-coups depuis hier, l'accès refusé via Internet au Campus d'Alfred pour repérer des dossiers, Tout va relativement bien. Il fait chaud, terriblement. Ma garde robe été canadienne ne peut pas endosser les coups de chaleurs qui font en sorte que je nage dans la sueur comme les autres.
Je suis arrivée à Yako, deux jours après avoir atterri au Burkina dimanche soir. Uniterra dans les personnes de Clémentine et de Théophile m'ont fait prendre connaissance du dossier qui m'attendait à Yako, une village en milieu rural. Les gens d'ici la désigne comme une ville mais c'est si rudimentaire qu'il m'est impossible de la décrire comme une ville. La route vers Yako me fait voir une toute autre vie rurale. Mes yeux ne sont pas assez grand pour saisir la portée de ces personnes travaillant dans les champs. Sitôt arrivés au lieu où je travaillerai au cours des prochaines semaines, on s'empresse de nous dire que nous devons repartir vite. On nous attendait depuis deux heures déjà.
C'est au moment où nous sommes arrivés à l'endroit désigné sous un arbre que j'ai ressenti que là,vraiment j'étais arrivée en Afrique. Un groupe de femmes, toutes de couleurs vêtues nous attendaient en cercle accroupies sous le grand arbre. « Nous n'avons pas assez de grands mots pour décrire notre joie »affirme une d'entre elle. Elle se rassemblait pour déposer leurs revenus dans la caisse et non ce n'est pas la Caisse populaire, quoique il y en une ici à Yako, sans gichet, of course! Il n'y a pas de registres bancaires, ni de règlements écrits. Tout se fait à l'oral. Les femmes répètent les règlements de leur association et le solde de leur compte oralement. Rien n'est oublié. Elles chantent pour nous et nous offrent des cacahouètes. Elles me touchent avec leur plus beau sourire.
De retour, en voiture, je suis incapable de parler. Ces femmes mènent une vie si dure, dure comme la glaise sèche de l'été, et pourtant elles chantent et sourient. Alors que le le repas m'attend à Yako, elles chercheront le bois pour préparer la cuisson du soir, qui se fait à grand ciel ouvert.
Un geste à la fois
Dans quelques jours, je m'envolerai vers une destinée inconnue. Je ne ressens pas encore l'excitation de cette aventure qui plane sur ma vie. J'avance un jour à la fois dans ma préparation du voyage et je raye chaque tâche accomplie.
J'ai eu une première communication avec Mme Fatima Lankoande directrice EUMC et coordonnatrice Uniterra à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Elle me fournit de l'information très pertinente au sujet de mon séjour et particulièrement au niveau culturel, habitudes de vie, gestes de politesse, etc. C'est rassurant.
Mes collègues au travail, qui ont voyagé en Afrique, me disent tous la même chose : je trouverai cela difficile à cause de la pauvreté. On ne peut pas se préparer à la misère, on peut se préparer toutefois pour l'atténuer, ne serait-ce que par de petits gestes.